Mars 2025
Lors de notre voyage à vélo de 6 mois en Asie du Sud-Est, nous avons traversé le Laos du Nord jusqu’à Luang Prabang en 13 jours. Cela a représenté 368km. Pourquoi si peu, me diriez-vous?… Et bien parce que la moitié de notre voyage approchait et qu’on voulait avoir 2 mois et demi en Thaïlande. Voici notre récap de ce court passage dans un pays qui nous a profondément marqués.

ITINÉRAIRE
Voici notre itinéraire dans la carte interactive TravelMap

FRONTIÈRE
Nous avons traversé la frontière Viêtnam-Laos tout au nord, à hauteur de Tay Trang-Taichang. La frontière est à 35km de Diên Biên Phù, avec une ascension de 1 000m sur 20km. Autant partir tôt ! Le passage de frontière s’est fait facilement, pas de problème à la sortie du Viêtnam. Côté Laos, il faut savoir que les douaniers sont en pause de 11h30 à 13h. Nous avons donc sorti nos chaises et fait une micro sieste en attendant. 10 000 kip de frais sont demandés pour les étrangers. La corruption n’est pas rare à ce poste de frontière mais à croire que nous avons été chanceux qu’on ne nous demande pas plus.
Pour ce qui est de la sortie du Laos, nous avons pris le pont de l’amitié N°4 à hauteur de la ville de Houayxay. Des frais de 10 000 kip sont demandés à la sortie également. Seulement, comme nous sommes arrivés avec le slow boat à 17h30, nous avons pédalé jusqu’à la frontière et sommes arrivés vers 18h. Il nous a alors été demandé 20 000 kip (pour soi-disant des frais de « overtime »). Honnêtement, nous n’avons pas voulu nous battre avec le douanier et avons payé. Des voyageurs nous ont raconté avoir contesté: parfois c’est passé, parfois ils se sont fait refouler et le douanier leur a demandé de revenir le lendemain avec de l’argent. Pour une fois, nous avons opté pour l’option d’acheter la paix (une paix à 0,90$us au lieu de 0,50$us!).
Par contre, nous avons évité le bus soi-disant obligatoire pour traverser le pont. Certains disent qu’il est obligatoire, alors que d’autres disent qu’il s’agit d’une arnaque bien rodée. Ils demandent 30 000 kip par personne et un supplément pour chaque vélo. Nous avons entendu des cyclovoyageurs raconter avoir évité le bus dans l’autre sens, de la Thaïlande vers le Laos. Dès les tampons obtenus par les douaniers, nous sommes montés sur nos vélos et avons tracé. À la barrière plus loin, la femme nous a souri et nous a fait signe de passer. Nous avons ainsi traversé le pont de l’amitié N°4 sur nos vélos, sans problème.
VISA
Il n’y a pas de visa à l’arrivée à ce poste de frontière. Beaucoup de cyclovoyageurs font l’erreur et se retrouvent à devoir redescendre à Diên Biên Phù et remonter une 2e fois plus tard. Aussi, les evisa sont acceptés uniquement à certains postes de frontière dont celui-ci ne fait pas partie en date de mars 2025 (voir site officiel du gouvernement). Par conséquent, nous avions fait notre visa à Hanoï, à l’ambassade du Laos. Sur place, il y a un formulaire à remplir avec une photo à fournir (3×4cm). Le mieux est de venir le matin, afin de récupérer son passport avec le visa la même journée, vers 15h, en échange de 1 050 000 dong. Le visa a une validité de 2 mois et est activé pour 1 mois au moment du passage de frontière.
ATM
Sur GoogleMap, le premier ATM indiqué était dans la ville de Muang Khua, à 66km de la frontière. Nous n’étions vraiment pas certains d’être capables de s’y rendre, ce qui aurait représenté presque 100km. En prévision, nous avions donc échangé des dong en kip dans une bijouterie à Diên Biên Phù, à un taux plutôt intéressant. Toutefois, une fois sur place, dans la première ville après le poste de frontière, à Muang Mai, il y avait un ATM. Nous apprendrons par la suite que GoogleMap n’est pas très fiable dans le Nord du Laos et que beaucoup d’ATM ne sont pas indiqués sur la carte.
CARTE SIM
Il est mieux de se rendre dans un magasin de service téléphonique tel qu’Unitel. Lors de notre arrivée à Muang Mai, malheureusement, c’était samedi soir. Unitel était déjà fermé et le demeurera jusqu’au lendemain. Nous nous sommes dirigés vers un petit magasin, où nous avions lu qu’il était possible de se procurer une carte sim. Après le choix du forfait et installation de la carte sim, voilà que la vendeuse nous annonce un prix de 200 000 kip juste pour la carte sim. Ce prix est considérablement plus bas dans un magasin Unitel (autour de 50 000 kip). Si votre budget est serré, le mieux est donc de se rendre dans un magasin officiel. Sinon, n’importe quel petit magasin avec la pancarte Unitel peut faire l’affaire.

ITINÉRAIRE et ÉTAT DES ROUTES
L’état des routes est un sujet courant au Laos… et ce n’est pas sans raison! Entre la frontière et Muang Xay, la route était plutôt en bon état, avec quelques nids de poule mais disons tout autant qu’au Québec ! Peu de trafic, nous avons ressenti un grand soulagement et un immense apaisement après 68 jours au Viêtnam où le trafic est souvent intense et les klaxons, constants. Par contre, à partir de Muang Xay, et particulièrement entre Pak Mong et Luang Prabang, c’est une toute autre affaire… La route est parsemée de passages avec des immenses trous et des grosses roches. Et bizarrement, ces passages surviennent souvent en descente, obligeant à freiner subitement et coupant l’élan pour la montée suivante. À partir de Muang Xay, de nombreux camions parcourent les routes (les camions chinois arpentent le pays du nord au sud). Et à partir de Pak Mong, le trafic devient vraiment plus dense, les camions soulèvent tout un tas de poussière sur leur passage et plus d’habitations bordent la route.
Nous ne sommes pas allés plus au sud de Luang Prabang en raison du temps qu’il nous restait pour ce voyage. Nous avons pris le slow boat à Luang Prabang pour se rendre à Houayxay, à la frontière avec la Thaïlande. C’est un trajet de 2 jours, avec environ 9h de bateau par jour. Il est toujours mieux de se renseigner avant sur les prix et d’avoir le montant exact. Il existe tout un tas de bateaux à des prix variés mais pour ce qui est du slow boat, en date de mars 2025, le prix de Luang Prabang à Pak Beng est de 190 000 kip par personne (si vous donnez 200 000, on ne vous rendra pas le change). Et le prix pour un vélo est de 50 000 kip. Le ticket peut être acheté directement sur place, le matin même. Avec un vélo, il est mieux d’arriver à l’avance afin de charger le vélo. Il y a d’abord un escalier à descendre puis, le vélo est mis sur le toit du bateau la plupart du temps. Si votre vélo est chargé directement sur le bateau, les chargements des autres passagers peuvent venir écraser le vélo (gros sacs de fruits, légumes, bagages, etc.). Sur le toit, assurez-vous que le conducteur du bateau l’attache. En arrivant tôt, vous vous assurez aussi d’avoir une bonne place, l’avant étant idéal, l’arrière étant plus bruyant avec le moteur. Arrivé à Pak Beng, faites attention. La ville est un endroit de transit pour de nombreux touristes et c’est malheureusement un endroit où les locaux en profitent. Nous avons lu des histoires de pickpockets, de vols, etc. Gardez toujours un oeil sur vos affaires. Ne laissez personne prendre votre vélo. Des locaux sont là et se précipitent pour « aider » à décharger les affaires et les monter en haut des escaliers, mais ils vont par la suite demander de l’argent. Ça a été notre cas. Alors que Karim était en train de monter le 1er vélo en haut des marches, le conducteur a descendu mon vélo. Seulement, moi j’étais en haut à rester près des affaires car un scooter avec 2 jeunes venaient d’arriver bien trop proche. Un homme s’est alors emparé de mon vélo, pour le monter et nous demander ensuite de payer. Aussi, Pak Beng étant une ville de transit, tout y est très cher. Faites des provisions à Luang Prabang si vous avez un petit budget.Ensuite, de Pak Beng à Houayxay, le prix du bateau est de 200 000 kip, et 50 000 kip pour le vélo. Il est possible de payer directement à bord le matin, lors du départ. Un travailleur du bateau fait la tournée des billets non payés. C’est plus intéressant d’acheter par soi-même les billets. Si vous passez par votre hébergement ou une agence, un surcoût vous sera facturé. À bord du bateau, de l’eau chaude est disponible, et des noddles instantanées ainsi que des boissons sont à vendre. Nous avons adoré cette expérience du slow boat, mais notre bateau n’était pas trop chargé. En effet, ça peut se transformer en expérience vraiment désagréable lorsque les bateaux sont chargés au maximum.




NOURRITURE
Entre la frontière et Muang Xay, nous avons eu quelques difficultés à nous nourrir. Les restaurants étaient peu nombreux. Le choix est très restreint, au point que dans certains endroits, nous avions le choix entre des brochettes de crapauds, d’écureuils, du rat ou du poulet. Toutefois, nous ne pouvons nous plaindre, nous sommes seulement de passage, alors que les habitants, eux, sont ici et n’ont pas d’autre choix. Cette partie du Laos est très rurale, mais aussi très pauvre…
Muang Xay est la première grande ville en arrivant du Viêtnam. Un stop idéal pour se recharger en nourriture et faire des stocks (le supermarché DuDuminimart a des mélanges de noix et des flocons d’avoine).
Entre Muang Xay et Pak Mong, les options sont un peu plus nombreuses, mais pas tant non plus. Et c’est vraiment entre Pak Mong et Luang Prabang que les restaurants se font plus nombreux au bord de la route.
À Luang Prabang, il existe de nombreuses options, à prix variés, mais il est possible de manger à prix économique tout de même.
Quelques exemples de prix:
1 bouteille d’eau 1L : 0,37$ us / 8 000 kip
1 oeuf : 0,14$ us / 3 000 kip
1 régime de banane : 0,50$ us / 10 000 kip
1 kilo de clémentines : 0,90$ us / 20 000 kip
1 pâtisserie sur le marché : 0,30$ us / 7 000 kip
1 pâtisserie dans une boulangerie: 0,90-1,40$ us / 20 000-30 000 kip
1 plat standard genre riz frit poulet ou soupe de nouilles au porc: 1,40-2,30$ us / 30 000-50 000 kip
Pour ce qui est de l’eau, la machine à eau est disponible dans les guesthouses et restaurants. D’où pourquoi notre budget en eau est si minime. Toutefois, ces machines disparaissent bien entendu dans les zones touristiques.

LOGEMENT
Des guesthouses sont disponibles dans chaque petit village et les choix deviennent vraiment plus nombreux à partir de Pak Mong. Beaucoup de guesthouses ne sont pas indiquées sur GoogleMap. La plupart du temps, nous sommes tombés sur des logements assez propres, une grosse différence avec le Viêtnam, avec une literie assez confortable quand on connaît la dureté des matelas viêtnamiens. Les prix variaient entre 120 000 et 200 000 kip. Toutes les guesthouses ont la machine à eau, avec eau froide et eau chaude, idéale pour recharger ses gourdes et faire un gruau pour le petit-déjeuner.
Par ailleurs, les options de camping sont nombreuses entre la frontière et Pak Mong. L’application iOverlander est une bonne source. Entre Pak Mong et Luang Prabang, les habitations se densifient et il peut être un peu plus difficile de trouver un endroit où mettre sa tente à l’abri des regards. D’ailleurs, sur cette section, certains voyageurs se sont faits déloger par les locaux en raison de la présence d’éléphants et donc du danger que ça représentait.
Dans la ville de Luang Prabang, les options de logements sont nombreuses mais les prix sont plus élevés, au point que nous n’avons rien trouvé en dessous de 280 000 kip même en étant à 3km du centre.



BUDGET
Pour notre voyage à vélo de 6 mois en Asie du Sud-Est, nous avons un budget de 30$cad par jour pour 2 (19€ ou 21$us). En dehors de Luang Prabang, il a été facile de tenir ce budget. Toutefois, en zone touristique, c’était plus difficile à tenir. Le logement y est plus cher, il y a une grande variété de restaurants où on s’est offert quelques plaisirs (si vous aimez la nourriture indienne, M&M est un délice!) et on a fait des courses pour les repas sur le bateau. Nous étions alors plutôt autour de 35$cad.
Je tiens tout de même à préciser que nous n’avons pas fait des activités touristiques payantes comme les treks en forêt ou le fameux vol en montgolfière à Vang Vieng (dont les compagnies sont soit chinoises, soit françaises!). Ces activités peuvent facilement atteindre des centaines de dollars par personne et augmenter considérablement le budget.


NOTRE EXPÉRIENCE
Nous nous sentons à moitié légitimes de partager notre expérience alors que nous n’avons passé que 13 jours au Laos et n’avons vu qu’une toute petite partie du pays. Donc on vous livre ici nos ressentis lors de ce court passage. Il s’agit bien entendu de notre expérience personnelle, relative à l’itinéraire que nous avons suivi.
Entre la frontière Viêtnam-Laos tout au nord et Pak Mong, nous avons adoré roulé sur des routes peu occupées. Les paysages, très montagneux, sont magnifiques et nous avons ressenti un grand apaisement. Une sérénité profonde. Toutefois, la pauvreté extrême de cette partie du Laos est vraiment choquante. Les enfants ont une grande joie de vivre mais, dès l’âge où l’innocence s’efface peu à peu (et cet âge est plutôt précoce), on voyait les visages très durs. Alors que nous essayons toujours d’être souriants, saluant de la main les locaux avec nos « sabaidi », les visages restaient très fermés. Et à raison! La vie dans les montagnes est très dure, rude et exigente. Nous avons continué à essayer de propager notre joie, malgré tout. À partir de Pak Mong, disons que les locaux sont un peu moins pauvres. On sentait alors un peu plus d’ouverture, plus de joie aussi. Pour la première fois, on entendait des laotiens rire. Les gens nous saluaient et ça a vraiment fait du bien au moral.
Dans des zones touristiques comme Luang Prabang ou Pak Beng (le village-stop du slow boat), nous avons ressenti très fortement la crispation de l’argent. Nous sommes des touristes et un surcoût est appliqué partout, sur tout, autant que possible. Ça va d’une brochette que la vendeuse annonce à 10 000 kip, avant que son amie à côté lui parle et qu’elle nous annonce que c’est finalement 20 000 kip. À les conversions des prix Booking et des « frais de 3% » sortis de nul part. Pour les restaurants, nous avons essayé au maximum d’aller dans ceux avec un menu et des prix affichés, ces mêmes prix pouvant passer du simple au double à la tête du client. À Pak Beng, nous avons vraiment senti une hargne envers l’argent des touristes. Alors que la plupart des logements y sont chers mais pourris, tout est surtaxé, jusqu’à l’eau qu’on voulait nous vendre 2 fois et demi son prix.
Le passage de la frontière laotienne est stressante pour beaucoup de voyageurs en raison de la forte corruption qui y est présente et des sommes qui sont demandées sans justificatif. Et bien les zones touristiques sont à la hauteur des postes frontaliers… ça peut créer une crispation du côté du voyageur qui a un budget serré. Le Laos est soi-disant le pays du sourire. Ce n’est vraiment pas notre expérience. Et nous n’avons eu aucune connexion avec les laotiens, que nous avons trouvé difficiles d’approche. Pour autant, c’est un pays que nous avons trouvé agréable à pédaler. On s’y est sentis bien. Et on aurait aimé continuer vers le sud et rester plus longtemps. Ce sera peut-être pour une autre fois!

