janvier-mars 2025
Lors de notre voyage à vélo de 6 mois en Asie du Sud-Est, nous avons pédalé le Viêtnam du sud au nord-ouest. Ce pays a représenté 2265km, presque la moitié de notre voyage en Asie du SE, et nous y avons passé 68 jours. Voici notre récap.
Et retrouvez la vidéo récap sur notre chaîne YouTube avec le top 5 de nos villes favorites, notre top 3 nourriture, ainsi que plein d’informations sur le logement, la sécurité, etc.

ITINÉRAIRE
Voici notre itinéraire dans la carte interactive TravelMap. Nous avons pris un « sleeping bus » de Huế à Tam Coc en réservant à travers le site internet 12go.Asia. Nous avons contacté individuellement chaque compagnie de bus (en trouvant leur numéro Whatsapp sur internet) afin de s’assurer qu’on pouvait embarquer les vélos. Un surcoût de 200 000 dong par vélo nous a été demandé.
Retrouvez toutes nos traces GPX en détail sur Komoot (étape 22 à 89).

FRONTIÈRE
Nous avons traversé la frontière Cambodge-Viêtnam à vélo, tout au sud, à hauteur de la ville de Hà Tiên. Le passage de frontière s’est fait facilement, pas de corruption, mais il est fréquemment demandé 1$us aux voyageurs pour soit disant une « prise de température ». Dès que nous avons eu nos tampons par les agents viêtnamiens, nous n’avons pas traîné et nous nous sommes dirigés très vite vers la sortie. Si on vous demande ce 1$us, beaucoup de voyageurs s’en sortent en refusant, en disant qu’ils savent que ce n’est pas obligatoire.
VISA
Nous avons traversé la frontière en janvier 2025. Nous avions demandé un visa en ligne (e visa) de 3 mois sur le site officiel du gouvernement. La demande en ligne est fastidieuse, il faut bien prendre le temps de remplir correctement, au risque de se faire refuser. Par ailleurs, une adresse au Viêtnam est demandée: nous avions indiqué un hôtel au hasard; par la suite, à la frontière, aucune preuve de réservation nous a été demandée. Vous devez aussi indiquer le poste de frontière où vous allez quitter le Viêtnam. Toutefois, il est possible de sortir à un autre poste sans problème (en date de mars 2025!). Attention: vous devez imprimer le evisa en 2 copies, comme indiqué dans le courriel, pour le passage de la frontière.
ATM
Après le passage de frontière, plusieurs ATM sont disponibles dans la ville de Hà Tiên. Il existe plusieurs banques pour lesquelles il n’y a pas de frais de retrait (voir liste sur Tourdumondiste). Certaines banques ont un plafond maximum de retrait.
CARTE SIM
Il existe différentes compagnies téléphoniques, dont la couverture peut varier. Le mieux est de se rendre dans un magasin officiel. Nous nous sommes rendus à Hà Tiên dans un magasin Viettel. Très facile d’obtenir une carte sim pour 3 mois avec son passeport.

ITINÉRAIRE ET ÉTAT DES ROUTES
Contrairement au Cambodge, les possibilités de routes sont nombreuses. Le pays est immense, avec beaucoup de choses à voir. Afin de faire son itinéraire, il est mieux de s’interroger au préalable « qu’est-ce que je veux voir? ». Pour nous, c’était la mer et les plages. Nous avons donc, après le Delta du Mékong et Ho Chi Minh, suivi la côte jusqu’à Hanoï. Nous avons utilisé Komoot et la plupart du temps, les routes secondaires étaient en bon état. Il faut savoir que les routes nationales CT (CT1, CT2, etc.) comportent certaines sections interdites aux vélos. Et les QL restent des grosses routes très empruntées par les camions, même s’il y a toujours un accotement où pédaler. Le plus difficile à supporter, c’est le bruit incessant des klaxons. En effet, les véhicules klaxonnent pour signaler leur présence, ou parfois même pour aucune raison. Mais des bouchons d’oreilles ou des écouteurs (le combo gagnant: bouchons ET écouteurs Shocks) aident à ne pas devenir fous!
Je vous partage deux sites internet qui nous ont beaucoup inspirés pour tracer notre itinéraire:
- Vietnam Coracle: un site très complet, avec une multitude d’informations sur tout le Viêtnam ;
- Vietnam Cycling: encore un site avec de nombreux tours pour trouver son propre chemin.

NOURRITURE
Le Viêtnam a été une vraie délivrance après le Cambodge pour ce qui est de la nourriture! Du désavantage d’être très peuplé, ça en devient un avantage: il est assez facile de trouver de la nourriture un peu partout. Encore une fois, comme au Cambodge, il faut savoir que les viêtnamiens mangent tôt. Pour la petite histoire, alors que nous faisions notre pause de 10h30, une jeune viêtnamienne est venue nous parler et nous a invités à manger… le lunch! À 10h30! Nous avons alors compris que le repas du midi est entre 10h30 et 12h, dans la plupart des villes. Je précise « la plupart » car parfois, à certains endroits, à 12h, nous étions les premiers et le monde arrivait après nous… il y a certaines règles que nous n’avons toujours pas compris, même après presque 3 mois dans le pays! Pour ce qui est du soir, les viêtnamiens mangent entre 17h et 19h. Bien entendu, ceci est valable surtout en dehors des zones touristiques. Dans ces zones, vous trouverez facilement de la nourriture à n’importe quelle heure! Si vous avez un petit budget, les fameuses chaises et tables en plastique sont synonymes de street food et de repas à prix économique. Bien entendu, vous serez en extérieur, peut-être installés un peu moins confortablement que dans un restaurant, mais l’hygiène sera quasi la même, pour un prix de moitié.
Si vous souhaitez manger végétarien, « chay » est le mot magique dans GoogleMap. Et si vous avez un « Quán Chay » dans votre ville, c’est encore mieux: il s’agit de restaurants rattachés à un temple bouddhiste. La plupart du temps, ce sont des buffets à un prix vraiment intéressant (si vous voulez voir à quoi ça ressemble, voici notre Quán Chay coup de coeur, à Long Xuyên, pour la modique somme de 20 000 dong).
Attention: non, ce n’est pas un mythe, les viêtnamiens mangent du chien. Vous en verrez sur les marchés et dans des restaurants. Autant savoir comment se dit viande de chien pour ne pas se tromper en commandant (ou, à l’inverse, pour les curieux qui veulent tester!) : thịt chó.
Pour ce qui est des marchés, ça se dit « cho » en viêtnamien (chợ , pas le même que thịt chó, un point, un accent différent et ça change tout!). Si vous tapez « cho » dans GoogleMap, vous trouverez facilement le centre des villages et villes. La plupart du temps, les prix sont vraiment plus intéressants que dans les épiceries mais, il arrive parfois que les viêtnamien.ne.s appliquent une taxe touriste… Et ils ne sont pas si faciles à la négociation! Par exemple, nous avons déjà eu une femme qui voulait nous vendre ses bananes 50 000 dong, alors qu’un peu plus loin, on les avait pour 20 000 dong.









LOGEMENT
Si vous souhaitez trouver des logements économiques, « nha nghi » est le mot magique dans GoogleMap. Il a toujours été assez facile de trouver des logements sur notre itinéraire. Attention toutefois à réserver un peu d’avance dans les grandes villes, les zones touristiques ou en haute saison si vous souhaitez des logements abordables pas trop dégueux.
Le prix moyen d’une nhà nghỉ est entre 200 000 dong et 300 000 dong (8-12$us) en dehors des zones touristiques. Booking et Agoda ont parfois des offres très intéressantes, avec des promotions. Mais, il arrive aussi que parfois, ce soit plus cher qu’en se rendant sur place. Pour notre part, nous n’avons que très rarement réussi à négocier le prix de la nuit. C’est arrivé surtout quand le/la propriétaire nous proposait un prix démesurément trop élevé. Lors de la négociation, les heures peuvent jouer dans la balance: par exemple, si vous arrivez après 16h, ou si vous annoncez que vous partirez avant 8h le lendemain. Je pense que dans les années à venir, les prix vont continuer d’augmenter vu la popularité du Viêtnam mais aussi au vu de l’augmentation de la qualité de vie des viêtnamiens et de leur pouvoir d’achat. Car oui, une nouvelle génération de viêtnamiens a les moyens de voyager dans le pays et de se payer des hôtels hors de notre budget de voyageurs à vélo sur plusieurs mois.
Logements interdits aux étrangers: lorsque vous êtes proche de la frontière avec un autre pays, par exemple dans la ville de Châu Đốc (dans le Delta du Mékong), il faut savoir que certains hôtels sont interdits aux étrangers. Regardez bien les avis sur GoogleMap ou dans Booking.

BUDGET
Notre budget pour ces 6 mois en Asie du SE est de 30$cad par jour pour 2 (soit 21$us ou 19€). Au Viêtnam, nous avons été capables de tenir ce budget, même en dormant tous les soirs dans des nhà nghỉ et en faisant nos gourmands avec des crèmes glacées, des pâtisseries et des boissons fraîches (ce qui n’avait pas été le cas au Cambodge!).
Pour ce qui est de l’eau, nous remplissions nos gourdes dans les nhà nghỉ, les restaurants et les commerces. Ils ont toujours des distributeurs ou des bonbonnes d’eau à disposition.

Voici quelques exemples de prix, il s’agit bien entendu d’une moyenne, on a vu une grosse différence dans les zones touristiques (parfois le double). Et le Delta du Mékong aura été la région la moins chère par rapport à tout le reste du Viêtnam.
Bouteille d’eau 1L: 0,39$us / 10 000 dong
1 oeuf: 0,12$us / 3 000 dong
1 ananas: 0,80$us / 20 000 dong
1 boisson fraîche (café, matcha, cacao, thé, jus): 0,80$us / 20 000 dong
1 jus de sucre de canne (nuoc mia): 0,39$us/ 10 000 dong
1 donut : 0,39$us/ 10 000 dong
1 crème glacée (Mixue) : 0,39$us/ 10 000 dong
1 banh mi oeuf: 0,60$us / 15 000 dong
1 soupe (pho) ou 1 riz (com) accompagné d’une viande ou d’un poisson : 30 000 dong. Attention: il s’agit du prix moyen en street food, assis à l’extérieur sur les fameuses tables et chaises en plastique. Dès que vous entrez dans un restaurant, les prix sont plus élevés. Aussi, dans le nord, les restaurants sont souvent des « bình dân », que Google traduit comme « réservoir évolué ». Comprenez ici « grosse quantité « : en effet, ces restaurants offrent des assiettes beaucoup plus garnies, mais aussi plus chères. On nous a déjà annoncé 60 000 dong par personne, le double de notre budget (par personne par repas).

NOTRE EXPÉRIENCE
Nous vous partageons notre expérience ici, il s’agit bien entendu de notre expérience personnelle.
Nous sommes vraiment tombés sous le charme du Viêtnam, autant pour ses paysages que pour les habitants et leurs cultures.
Les paysages, tout d’abord. Nous avons été agréablement surpris par la diversité de paysages: le sud a un climat tropical, avec des plantations de cocotiers, d’ananas, de pittaya, etc. Dunes de sable, éoliennes, plages, on avait l’impression d’être parfois ailleurs. Le centre a un climat plus pluvieux, nous avons pédalé entre collines verdoyantes et longues stretch de plages. Enfin, le nord, les grosses montagnes, avec ses 4 saisons distinctes, où il peut faire froid.
Nous vous conseillons vraiment de bien vérifier les saisons pour planifier un voyage au Viêtnam (le site Carnets d’Asie est une bonne ressource). Sinon, vous risquez de vous retrouver à pédaler sous la pluie pendant des semaines et des semaines comme ça a été le cas pour nous (retrouvez ces aventures en images sur notre chaîne YouTube, dans l’épisode 10 et l’épisode 11, où mon rêve de Ninh Binh, la baie d’Ha Long terrestre, a été un peu gâché).
Petite mention concernant le nord: alors que la majorité des touristes s’agglutinent autour de Sapa et de la fameuse Ha Giang Loop (celle-ci est d’ailleurs devenue tellement touristique qu’il y a des files non stop de scooters sur la route et sur les points de vue), il y a des paysages tout aussi magnifiques dans les autres régions du Nord. Nous avons traversé la région de Phù Yên, absolument incroyable et loin du tourisme de masse. Ce n’est que par après que nous avons découvert la région du réservoir de Hoa Binh, qui se développe doucement au tourisme et n’attend qu’à être découverte!






Ensuite, les habitants. Avant de traverser la frontière, dans le sud du Cambodge, on avait eu une conversation avec 2 autres cyclovoyageurs, nous décrivant les viêtnamiens très durs d’approche et plutôt fermés. Pourtant, c’est tout le contraire que nous avons vécu! Les viêtnamiens étaient très chaleureux avec nous, d’une générosité incroyable: ils nous ont offert des fruits à plusieurs reprises; un homme a payé le restaurant pour nous; une femme s’est arrêtée et nous a invités à manger; une autre nous a offert un pain qu’elle avait cuisiné. À ceci s’ajoute une honnêteté rarement rencontrée: parfois, ils nous disaient un prix, soit on avait mal compris ou soit ils avaient mal dit le chiffre (leur anglais est vraiment moyen), toujours est-il que quand nous donnions l’argent, si c’était trop, ils nous rendaient directement le surplus. Nous avons HALLUCINÉ! Ils étaient aussi souvent curieux de nos vélos, de nos équipements (surtout le GPS Garmin!) et on échangeait souvent avec le traducteur vocal. Nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité (il s’agit bien entendu de notre ressenti, à 2). Et même si nous sommes toujours restés sur nos gardes, nous nous rendions compte que souvent, les gens étaient curieux et intrigués. Aussi, la question de l’argent revient souvent: combien coûtent vos vélos ? Quel est votre budget par jour? Combien coûte votre voyage de 6 mois? On s’est vraiment sentis inconfortables les premières fois, ne donnant jamais le vrai prix de notre vélo et en précisant bien qu’ils sont seconde main et qu’ils ont 10 ans! Mais, après avoir échangé avec d’autres cyclovoyageurs, ces questions sont fréquentes et, dans la majorité des cas, il s’agit d’une simple curiosité, que l’on retrouve dans d’autres pays, comme la Thaïlande. Lors de notre séjour à Da Nang, le gardien de sécurité a passé 4 jours à regarder nos vélos. On le retrouvait même parfois avec un ou deux amis, tous à examiner de près nos vélos. Nous étions vraiment anxieux, on se disait que nos vélos allaient disparaitre le dernier jour. Au final, le dernier jour, nous avions un public pour le package de nos vélos et notre départ.
Apprendre quelques mots de base représente, pour nous, le minimum lorsqu’on est dans un pays, surtout pour autant de temps. Et les viêtnamiens appréciaient toujours qu’on les salue ou les remercie dans leur langue. Après quelques semaines, nous avons été capables de commander notre nourriture en viêtnamien. Je pense que ceci peut aussi briser la glace plus facilement. Enfin, parfois, nous croisions des personnes avec le visage très dur et fermé. Nous sortions alors notre arme fatale, universelle: notre plus grand sourire. Et bien souvent, la dureté disparaissait de leur visage pour laisser place à un sourire en retour.
Nous tenons à préciser tout de même que l’attitude des viêtnamiens dans les zones touristiques est complètement différente. Insistants, parfois même agressifs, hargneux avec l’argent, c’est un tout autre visage que nous avons découvert et nous vous conseillons vraiment de ne pas rester dans ces zones. Après tout, c’est ça la liberté d’être à vélo, la possibilité d’aller où on veut et de ne pas dépendre des bus touristiques!
Enfin, la culture. Ou plutôt devrais-je dire les cultures! En effet, il est facilement concevable que de part l’immensité du pays, la culture du Viêtnam a de multiples visages. Différentes religions, différentes façons d’être et de vivre, une richesse culinaire incroyable, divers groupes éthniques aux multiples couleurs. Nous avons aussi eu la chance de voyager pendant Tết (lire notre article « voyager à vélo pendant Tết ») et de découvrir les traditions autour de cette fête sacrée pour les viêtnamiens.
La nourriture, que dire? À part qu’elle est absolument incroyable, variée, et les habitants étaient souvent très enthousiastes à nous faire découvrir leurs spécialités. Attention: quand vous trouvez quelque chose de bon, MANGEZ!! Car il se peut que vous ne le retrouviez jamais par la suite… Ça aura été le cas des fameux Bánh bèo huế que nous avons goûtes sur le marché d’Ho Chi Minh City, et que nous n’aurons jamais retrouvé par la suite, même à Huế!
Il faut savoir aussi que tout le pays est jonché de boulangeries très bonnes, qui sont l’endroit parfait pour une pause. Et dans la plupart des régions, vous trouverez aussi des stands de café, et parfois même matcha, le long de la route. Mention spéciale pour le café ou le matcha kèm muối, une sorte de crème chantilly mais version légèrement salée, absolument divin!


Pour conclure, vous l’aurez compris, nous sommes tombés sous le charme des viêtnamiens et de leur pays. Et nous pensons sincèrement que voyager à vélo est la meilleure manière de découvrir le Viêtnam, permettant de se rendre dans des zones moins touristiques, plus authentiques et où les locaux seront vraiment accueillants.